Samedi 22 janvier 2022
Emberlificotée, je sors, à portée de bras, du coffre d'une voiture. Une ligne d’horizon se dessine dans l’espace urbain. Je flotte, ma tenue d'un bleu électrique surprend à la faveur de l’hiver, les passants curieux qui saisissent cet instant crépusculaire en souriant. J'avance avec hâte. Des smartphones s’élèvent et capturent l’instant depuis la rue, depuis l'habitacle d’une voiture, à l’entrée et la sortie du métro.
J'arpente les rues fièrement, suivi par les passants qui veulent en savoir plus. Certains s’agitent, d’autres restent stoïques. Je les entends s'approcher et susurrer. C’est quoi ce truc ? À quoi ça sert ? Pourquoi ? On n’y comprend rien ! C’est kiffant !
Je suis Rope. Teinté de bleu, Rope la douce corde, qui déambule, recueille, circule, en quasi lévitation pour que l'histoire continue. Encore et encore.
Connectés au bitume, les regards du quartier s'éclaircissent dans un élan de bonne humeur et de joie. Cet éclat, je le connais bien depuis ce morceau de 11 mètres que je suis. Depuis le début de mon étape à Marseille. Ce bleu que je porte, si familier.
Cette couleur locale si présente dans la cité phocéenne. Je m'approche de la destination finale. À l'angle d'une rue, ce soir, c'est l'apéro à Arkose et nous sommes déjà nombreux en chemin.
C'est avec effervescence qu’Arkose m'accueille sous son toit. Je sillonne le lieu, m’enroule, me noue, laisse échapper des rires, je me laisse me saisir, me faire imaginer par les grimpeurs avertis ou improvisés. Instants uniques où l’insensé devient possible voir magique.
Dans un imaginaire collectif et à portée de bras, je me fonds dans le décor en parfaite cohabitation. Je suis ce morceau de corps gigantesque, ici et maintenant. Celui qui réunit naturellement. Rope. Fidèle, encore et encore...
Sophia.C